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Brigittines International Festival 2013
La crise et le grand large
Elle s’est installée sans s’excuser. Elle a pris les apparences du permanent, de l’inévitable. Elle siège. Elle s’est donnée des raisons en or masquant la banqueroute du capitalisme financier. Mais son importance dépasse la question économique: elle nous atteint aussi en profondeur, elle s’insinue dans nos élans, dans notre humeur, dans notre subjectivité.
La crise nous creuse,à moins qu’elle ne soit que le prête-nom de l’appauvrissement généralisé et de l’effarement face à l’assommoir de la consommation - et nous ne risquons pas d’en sortir de sitôt.
Aussi, d’autres valeurs, d’autres solutions sont à solliciter, qui préservent le sensible et tiennent l’esprit en éveil et le désir vibrant. Nous ne pouvons vivre sans que l’horizon ne s’ouvre sur des ciels libres, sans qu’un souffle ne fouette crispations et dépressions.
Ces images de l’air et du mouvement, c’est en nous qu’elles trouvent leur source, naturellement, c’est notre imagination qui les crée. Notre imagination et les supports que l’art lui propose.
Inventer, transposer le réel et le banal, décaler, tordre l’évidence, transfigurer, suggérer, donner dans l’imprévu ou le fantasque : telles sont les intentions des spectacles qui traversent ces deux semaines de festival... Même lorsque leur ouverture emprunte les voies du trouble et de l’obscur (le noir aussi est une couleur), ils visent la pointe aiguë du cerveau, celle qui promet l’apesanteur et l’aventure du large.
Patrick Bonté
Direction générale et artistique
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